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4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 11:52

Sept ans que je suis revenue de Hanoi.

Hier dans ma mémoire... Une éternité dans le temps.

 

Aujourd'hui, j'avoue que je n'ai pas réellement la nostalgie du pays vietnamien. 

Néanmoins, à l'aube de cet hiver 2014, la moiteur, la nourriture et l'ambiance asiatique des autres pays manquent terriblement au piment de ma vie .

 

 

À la demande d'un ami très cher, qui suivait avec assiduité mes déambulations, je remets en ligne un instant de cette vie vietnamienne.

PETIT SALON

 

Parfum de frangipanier. Petit fond musical zen et lumière tamisée.

Parfum de frangipanier. Petit fond musical zen et lumière tamisée.

Installez-vous confortablement sur ce petit oreiller... 

Fermez les yeux...

Il était une fois...

Une jeune femme, en manque d'amour et de reconnaissance, décida de consulter un vieil herboriste Chinois.

Elle lui demanda de lui préparer une décoction vénéneuse, capable de tuer sa belle-mère qui s'était montrée cruellement injuste à son égard.

Le sage herboriste lui donna alors une potion ressemblant au thé. Il recommanda de l'administrer sur sa belle-mère et de lui pratiquer le Massage Traditionnel pendant trois mois.

Selon lui, le poison agirait ainsi avec plus d'efficacité et la mort paraîtrait davantage attribuable à une cause naturelle... La jeune femme suivit ses recommandations.

Mais au bout de deux mois et demi de ce traitement, elle commença à regretter sa décision première. Elle ne désirait plus voir mourir sa belle-mère tant elle avait appris à mieux la connaître, la comprendre à travers les séances de massages.

Parallèlement, la belle-mère commençait à lui manifester de l'affection et de l'amour.

La jeune femme courut alors revoir le vieil et sage herboriste, le suppliant de lui donner l'antidote contre la fameuse potion.

Celui-ci lui révéla que le poison n’était en fait que du thé mélangé à une simple eau de fleurs.

Légende Chinoise

ANNIVERSAIRE VIETNAMIEN

Vous vous en doutez, depuis plusieurs jours, je médite sur ce récit.

Et, puisque la vie ne me laisse pas le temps d'appliquer ce traitement sur certaines personnes, j'ai pris la grande décision de le tester sur moi pour des raisons de bien-être. 

C'est vrai, depuis deux mois, mes pieds en voient de toutes les couleurs dans leurs chaussures Eram. 

Tongs en plastique et sandales en paille de riz, la chaussure du galérien vietnamien... Bien sûr!

Mes pieds de danseuse doivent me porter encore pendant de longues années... Alors la moindre des choses, c'est d'en prendre soin !

ALEA JACTA EST 

Ce traitement me sera appliqué des doigts de pieds jusqu'à la pointe des cheveux. 
Je m’empresse de feuilleter mon petit carnet de voyage afin de retrouver l'adresse du Salon de Massage que j'avais remarqué lors d'une de mes déambulations diurnes.

13 heures.
Je suis accueillie par un sourire. 
Je réponds par le sourire Doc Pat. 
La communication semble difficile.

D'un accord tacite, le « Mime » sera notre langue de communication.


J'enlève mes Tongs de ville à semelle de paille.

Une paire de Tongs en plastique blanc se présente immédiatement…

Je les trouve plus crasseuses que les miennes...

Pas d'offense... Je ne bronche pas, je glisse mes pieds à l'intérieur.

 

On me montre un placard métallique pour déposer mon sac. 
En échange, je reçois une petite pochette transparente pour y glisser une clé.

 

Plus légère, je monte l'escalier et je découvre une pièce circulaire, vide, peinte d'un beau rouge framboise.

Une jeune vietnamienne aux formes généreuses m'entraîne dans un petit vestibule.

"Oups"...Plus de jupe en soie....

"Youp"...Plus de corsage blanc...

Tandis que je m'interroge un peu... si... je dois...


Une autre vietnamienne, plus menue, arrive avec un plateau. 
Un petit rouleau blanc est posé dessus.

"Chouette, un rouleau de printemps... C'est vrai, j'ai un peu faim, la soupe de nouilles, mangée tout à l'heure dans la rue, est déjà digérée".
 

Au simple contact, je réalise que ce n'est en rien du riz gluant mais un slip en cellulose !
"Hops"...Plus de slip en coton…

Et j'enfile... Une grosse barboteuse, bouffante à ne pas y mettre les mains.

Je me suis retenue pour ne pas pouffer de rire tellement je me trouvais grotesque. 
 

Ne pas perdre la face mes amis... 

Une serviette de coton blanc a vite recouvert la chose.

Ces charmantes jeunes femmes me prient de m'asseoir sur un banc.

J'attends un peu.

Mes anges jaunes reviennent et déposent à mes pieds une jarre plate, remplie d'eau tiède.
Tandis que mes petits petons mijotent entre des pétales de roses, des petits morceaux marron et blanc parfumés et, puisqu'elles me regardent avec un sourire de compassion, j'ose dire timidement...

"Lotus".

J'ai comme réponse immédiate "Oignons".

Mes pieds sont essuyés avec soin.

Ensuite elles me guident dans une nouvelle aire de jeux.

L'espace est tout enfumé. C'est le sauna.

La porte se referme, je suis seule!     
Impossible de percevoir les dimensions de la pièce.

 

La lumière est faible, la chaleur est suffocante.

A tâtons, j'aperçois un banc...

"Paf"  Je me cogne dedans…

Mon petit sac en plastique s'ouvre et la clé tombe.
Alors, au lieu d'être sagement assise à ventiler mes poumons,

je suis là, à quatre pattes, à froustiner sur le sol pour retrouver ma clé.


 

Pendant ce temps, la culotte dégonfle et se gonfle d'eau.

Au bout de cinq minutes, j'ai l'entre-jambes aux genoux.

«Boud...dhi...Pas d'offense ni de ridicule».


Je suis sauvée.

Elles ouvrent la porte et me tirent de mon mauvais pas. 
Le parco
urs initiatique continue. 

LE PETIT SALON ZEN APPARAIT

L'une m'offre un nouveau petit rouleau blanc.

L'autre me tend une corbeille en plastique vert. 

Une nouvelle culotte. Même dimension que la précédente.


A plat ventre, sur une table molletonnée, j'ai la tête dans un trou.

J'ai juste les oreilles qui dépassent.

Ceci me permet d'entendre la Musique Zen à cinq temps.

Je fixe une grosse cupule, en émail bleu, remplie d'eau.
Des petits cailloux blancs sont posés au fond, des pétales blancs et rouges surnagent.
Un parfum subtil se dégage. 

 

Comme j'ai la tête dans le trou, je ne peux plus poser de questions et puis...  J'ai trop peur d'être déçue par la réponse. 

Je regarde le réceptacle, espérant la venue du Vide Mental.

 

Mes hôtesses s'affairent.
L'une à gauche, l'autre à droite, pas de répit pour la bête. 
Je suis d'abord étrillée avec une petite brosse bien rêche. 
Elles palpent, pétrissent, malaxent, pressent légèrement en haut, appuient lourdement sur les plantes des pieds. 
A certains endroits c'est à la limite du hurlement. 
Des pieds jusqu'à la tête, pas un millimètre de muscles et de peau n’est épargné.

 

La séance verso, sur le dos et les yeux au plafond, est identique au recto.
C'était très agréable tous ces mouvements "voluptueux" mais pourquoi terminaient-elles toujours par de grosses tapes... Les mains jointes.


Le niveau sonore des reniflements incessants d'une masseuse ne m'a pas permis de comprendre les subtilités de la musique et d'atteindre le vide mental.

La septième porte s'est ouverte avec le  massage de la tête.

Et de l'huile de frangipanier  a été délicatement répandue des pieds à la tête. 

ANNIVERSAIRE VIETNAMIEN

Il ne vous reste plus qu'à me mettre du persil dans les narines, je suis prête à rôtir.
Fin d'un parcours initiatique vietnamien.  

Aurais-je la version française ?

Vous pouvez trouver ce petit salon à Paris.

Pas de trou dans le futon

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